Pour la 5e année d’affilée, la France se hisse sur la plus haute marche des pays européens choisis par les investisseurs étrangers. En 2023, selon le dernier baromètre de l’attractivité de EY, 1 194 décisions d’implantations et d’extensions de sites, dont la moitié sont industriels, ont été prises dans notre pays. Un chiffre en recul de 5 % par rapport à 2022, mais qui permet à la France de rester devant le Royaume-Uni (985), l’Allemagne (733) et la Turquie (375).
Des investisseurs étrangers confiants, mais…
Rassurés par les réformes économiques engagées ces dernières années, les investisseurs étrangers se disent confiants concernant l’attractivité à venir de la France. Interrogés dans le cadre de cette étude, 76 % estiment qu’elle va continuer à s’améliorer d’ici 2027. Pour autant des interrogations demeurent, notamment sur le manque de soutien des institutions publiques dans l’accompagnement de la transition écologique, mais aussi sur le coût de l’énergie. Ce dernier point est regardé comme un facteur critique par les investisseurs étrangers qui ont très mal vécus la volatilité des prix de l’énergie suite au déclanchement de la crise en Ukraine et l’indisponibilité des centrales nucléaires françaises. Le climat social dégradé, lors de l’adoption de la dernière réforme des retraites, a également marqué les esprits des investisseurs.
Un manque de compétitivité
Dans le détail, l’analyse des projets montre qu’en France ils se composent principalement d’extensions. Les nouvelles installations ne représentent, en effet, que 36 % des projets contre 77 % en Allemagne et 75 % au Royaume-Uni. Un décalage qui se ressent sur le niveau d’emploi créés. On observe ainsi 35 emplois en moyenne par projet en France contre 49 en Allemagne et 61 au Royaume-Uni. L’étude confirme également l’inquiétant décrochage de deux grands secteurs emblématiques français, la chimie et l’agroalimentaire dans lesquels les projets d’investissements ont, respectivement, reculés de 23 % et 24 % en 2023.
Un décrochage de l’Europe
Plus globalement, ce baromètre met en lumière le décrochage de l’Europe dont les projets d’installations ont fondu de 4 % en 2023 (5 694). Une frilosité des investisseurs qui « s’explique notamment par le net ralentissement de l’activité économique. Le taux de croissance de la zone Euro est passé de 3,4 % en 2022 à 0,4 % en 2023. Cette situation contraste avec celle observée aux États-Unis et en Asie, où la croissance économique a atteint respectivement 2,5 % et 5,6 % en 2023 (vs 1,9 % et 4,5 % en 2022) », rappellent les auteurs de l’étude.
Une tendance confirmée par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) qui a enregistré, en 2023, un recul de 20 % des investissements étrangers en Europe, et dans le même temps, leur hausse de 8 % en Chine et de 2 % aux États-Unis.